Le mur pour la paix le plus long du monde

C'est peut-être le mur le plus étendu de la capitale du Chili qui se transforma, en trois jours, en un manifeste graphique pour la paix mondiale.

Doublement stimulés par la perspective de disposer d'une toile aux caractérisques exceptionnelles pour leur art et d'exécuter une oeuvre digne d'être inscrite dans le Guiness des records mondiaux, un petit groupe d'enthousiastes a travaillé durant presqu'une année pour réunir et gérer l'organisation de plus de 100 collectifs et artistes indépendants qui se sont partagés un mur qui borde les rues et les maisons d'un grand quartier populaire de Penalolen (Réunion de frères, en  Mapudungún, langue Mapuche).
Chacun disposa à la fois de l'appui des organisateurs et de la municipalité de la capitale, ainsi que de la peinture donnée par une entreprise du quartier et de l'hospitalité et de la sympathie du voisinage qui arriva pour admirer le procédé des tags et contribuer à rafraîchir les peintres avec des boissons.

Parmi les grapheurs certains étaient venus du Canada, de Marseille, du Costa Rica, d'Espagne, d'Argentine, du Paraguay et du Brésil et aussi de régions du Chili. "Ce mur changera la face du quartier"  -déclara une voisine- car jusqu'à ce jour il était connu comme étant celui où vit le Cisarro, faisant allusion à un jeune délinquant qui se fit connaître par ses actions violentes réitérées.

Les motifs des peintures reflètent non seulement le langage particulier de la muralité actuelle mais aussi diverses visions qu'ont les artistes de rues autour du thème de la paix et de la violence. La violence des armes, la destruction du milieu ambiant, l'espérance de l'amour en tant que sortie de l'incommunication et l'isolement urbain, le rejet de l'armement nucléaire, l'intolérance raciale, l'admiration pour Obama et Gandhi et les complexes et belles signatures dessinées des auteurs donnent forme à un message kaléidoscopique qui, sans doute, fera réfléchir les voisins qui chaque jour transitent le long des quasi deux kilomètres du mur de la paix.

Dans certains cas ils s'investirent pendant presque dix heures par jour pour compléter le morceau de mur correspondant. C'est qu'au prestige et à la satisfaction de participer à un projet gigantesque s'ajouta l'engagement envers la Marche Mondiale pour la Paix et la Non violence et la joie de participer à une aventure unique avec tant de "collègues" d'une corporation qui habituellement doit "voler" des parois pour exercer son art.

Au soutien enthousiaste du maire Claudio Orrego de Penalolen s'ajouta l'organisation de volontaires promoteurs de la Marche Mondiale pour la Paix et la Non violence qui, par l'intermédiaire de Monde sans Guerres, contactèrent un ensemble de différentes organisations de grapheurs : Calquín, Siembra ARTE, Chili Estencil, Brócoli et DASIC.  Grâce à eux, à l'appui logistique et organisatif de la fondation Conscience et au don de 5.000 bombes aérosols et autres peintures de la part de Marson Street Art, le dimanche 15 eut lieu pour clôturer l'effort titanesque de peindre le mur le plus long de l'histoire, une oeuvre pour laquelle son inscription parmi les records mondiaux a été formellement demandée.

L'aspiration de Daniela Hirsch, une des organisatrices du mur pour la Paix, "générer une conscience de la nécessité de la paix et de changer ce monde", compte aujourd'hui avec un formidable écran public exposé au regard et à la réflexion de milliers de passants à qui il donnera à penser.